Interview du Professeur Olaf Mercier – Chef de service adjoint de Chirurgie thoracique et transplantation

Bienvenue dans cette interview avec le Professeur Olaf Mercier, chirurgien thoracique, transplantation cardio-pulmonaire à l’Hôpital Marie-Lannelongue et professeur à l’Université Paris Saclay. L’interview met en avant l’expertise du service de chirurgie thoracique dans le traitement des pathologies pulmonaires et thoraciques, avec des techniques innovantes telles que la chirurgie mini-invasive et la transplantation pulmonaire. Le service se distingue par son approche centrée sur le bien-être des patients et l’amélioration continue des pratiques médicales.

Pouvez-vous nous présenter votre service ?

Le service de chirurgie thoracique prend en charge les patients souffrant de pathologies de la cage thoracique, incluant la paroi des côtes, les poumons et la circulation pulmonaire. Nous nous occupons également des transplantations pulmonaires et cardiopulmonaires.

“ […] le seul centre français à réaliser une intervention qui s’appelle l’endartériectomie pulmonaire […]”


Les spécificités du service, ce sont les spécificités de recours national et international pour le traitement des maladies rares, des chirurgies difficiles ou des chirurgies étendues, et sur la transplantation pulmonaire et cardio-pulmonaire, ainsi que sur des maladies vasculaires pulmonaires. C’est la particularité française de notre service, qui est le seul centre français à réaliser une intervention qui s’appelle l’endartériectomie pulmonaire, qui est l’action de déboucher les artères pulmonaires. Pour information, il y a un centre par pays en Europe et dans le reste du monde.

Quelles sont les principales pathologies prises en charge ?

Nous prenons en charge l’hypertension pulmonaire ou maladie vasculaire pulmonaire, la transplantation pulmonaire et cardiopulmonaire, la chirurgie des cancers du poumon et des cancers au sens large de la cage thoracique. Il y a aussi des sarcomes, des cancers rares aussi, les cancers qui nécessitent des exérèses étendues, soit au gros vaisseau, soit au cœur, soit à l’œsophage, soit à la paroi thoracique.

Et puis, nous avons également une spécificité de chirurgie mini-invasive, où nous allons utiliser la chirurgie robotique et la chirurgie vidéo pour enlever des tumeurs en étant le moins invasif possible.

Quelles sont les avancées médicales récentes et nouvelles techniques que vous mettez en place pour améliorer le diagnostic et le traitement des patients dans votre spécialité ?[1] 

La première concerne le cancer. Il s’agit de notre participation à l’expérimentation traitant du dépistage du cancer du poumon.

Une des grandes avancées, c’est l’application de la chimio-immunothérapie des cancers avant la chirurgie et des thérapeutiques innovantes des cancers du poumon, qui sont médicamenteuses et qui s’associent à la chirurgie pouvant être faites par voie mini-invasive.

“ Nous participons également à tous les protocoles des hôpitaux avec lesquels nous travaillons, comme l’Hôpital Paris Saint-Joseph et l’Hôpital Gustave-Roussy.”

Nous participons également à tous les protocoles des hôpitaux avec lesquels nous travaillons, comme l’Hôpital Paris Saint-Joseph et l’Hôpital Gustave-Roussy. Dans le cadre du Centre International des Cancers Thoraciques (CICT), tous les patients sont inclus dans des protocoles avec les dernières thérapeutiques existantes. Ce sont donc des patients qui, ensuite, peuvent parfois avoir des chirurgies pour clôturer les traitements.

“ […] nous réalisons des actes de moins en moins invasifs.”

La seconde avancée concernant le cancer, c’est le fait que nous réalisons des actes de moins en moins invasifs. Nous développons également plusieurs techniques pour établir des diagnostics, notamment pour ponctionner les petits nodules ou les petites lésions. Concernant le thorax, nous avons une grande expérience en ce qui concerne les actes endo-bronchites, ce qui induit donc tout ce qui relève de l’échographie endocrinologique.

On espère bientôt acquérir le robot endo-bronchique afin de diagnostiquer les plus petites lésions, celles qui sont loin dans le poumon et parfois inaccessibles et, pourquoi pas, un jour les traiter également par voie endo-bronchique, en plus de pouvoir les traiter par voie mini-invasive, robot et vidéo.

“ […] nous pratiquons l’endartériectomie pulmonaire et l’angioplastie pulmonaire […] Développer ces solutions permet de réaliser ce qu’on appelle des traitements hybrides […]”

Concernant l’hypertension pulmonaire, nous pratiquons l’endartériectomie pulmonaire et l’angioplastie pulmonaire. Par ces technologies, nous traitons par chirurgie mais aussi en gonflant des ballons à l’intérieur des petites lésions des artères pulmonaires.

Développer ces solutions permet de réaliser ce qu’on appelle des traitements hybrides, qui sont très modernes, c’est-à-dire que nous associons la chirurgie au ballon aux médicaments pour traiter une maladie qui s’appelle l’hypertension pulmonaire post-embolique.

“ […] nous utilisons de nouvelles manières de préserver les poumons, pour pouvoir en transplanter davantage et améliorer l’accès à la greffe des patients.”

En ce qui concerne la transplantation, nous utilisons de nouvelles manières de préserver les poumons, pour pouvoir en transplanter davantage et améliorer l’accès à la greffe des patients.

Quels sont les moyens qui caractérisent votre hôpital et qui contribuent à offrir un environnement propice au rétablissement et au bien-être des patients ?

Ces dernières années, nous avons beaucoup travaillé sur les parcours patients, visant à limiter au maximum l’impact de la chirurgie sur la vie des malades et à améliorer le retour à une vie normale. Nous avons créé un vrai parcours de réhabilitation précoce après la chirurgie, ce qu’on appelle RAAC, qui permet de diminuer la durée des drainages thoraciques, d’améliorer le traitement de la douleur, d’améliorer la remise en mouvement du patient après la chirurgie, ce qui permet au patient de rester peu de temps à l’hôpital et de récupérer très rapidement.

“ […] organiser de nouvelles consultations pluridisciplinaires avec le chirurgien pour lui annoncer le diagnostic, mais aussi sa prise en charge afin de bien traiter et prévenir les douleurs .”

Nous avons également pu mettre en place une organisation autour de l’annonce du diagnostic où nous allons, une semaine après l’hospitalisation, la chirurgie du patient, organiser de nouvelles consultations pluridisciplinaires avec le chirurgien pour lui annoncer le diagnostic, mais aussi sa prise en charge afin de bien traiter et prévenir les douleurs. Nous pouvons notamment prévoir de la kinésithérapie pour la réhabilitation post-opératoire, des rendez-vous avec le tabacologue pour arrêter le tabac, des rendez-vous pour améliorer sa nutrition afin d’améliorer sa qualité de vie, …

Dans la perspective d’une collecte de dons, quel est le projet phare à soutenir et qui pourrait contribuer à l’amélioration des soins et des traitements pour vos patients ?

Pour la transplantation pulmonaire, c’est le projet de la nouvelle préservation pulmonaire et le fait que l’on puisse organiser la transplantation autrement, en préservant le poumon de meilleure manière et sur un temps plus prolongé ce qui va permettre aux patients d’avoir plus d’accès à la greffe.

Pour le cancer, c’est d’essayer d’améliorer encore l’acte opératoire pour le rendre le moins invasif et le plus efficace possible. Donc nous avons des projets où nous allons étudier, pendant la chirurgie, la réaction de la tumeur vis-à-vis de la chirurgie pour faire en sorte de guérir le plus de malades par la chirurgie.

Le dernier projet consiste à inventer des dispositifs médicaux qui vont permettre de mieux traiter les patients et de les traiter de manière mini-invasive.

Et l’idée qui me vient comme exemple, c’est d’essayer de créer un nouvel instrument chirurgical pour permettre de traiter correctement les tumeurs de la plèvre.

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