Bienvenue dans cette interview avec le Professeur Julien Guihaire, chirurgien cardiaque, qui dirige le service de chirurgie cardiaque adulte et transplantation à l’Hôpital Marie-Lannelongue. Au cours de cet entretien, nous allons découvrir comment son service médico-chirurgical met en œuvre des innovations telles que la chirurgie minimalement invasive, tout en mettant l’accent sur le suivi des patients et les projets permettant d’améliorer les traitements cardiaques.
Pouvez-vous nous présenter votre service ?
Il s’agit du service de chirurgie cardiaque adulte et transplantation, qui est un service médico-chirurgical. Nous y traitons toutes les pathologies cardiaques de l’adulte, et nous disposons d’un programme de transplantation cardiaque. Nous sommes agréés pour l’implantation de cœurs artificiels.
Toutes les pathologies cardiaques nécessitent un travail d’équipe, et c’est ce qui fait la force de notre spécialité. Sans le soutien de l’ensemble des soignant(e)s (infirmiers(ères), brancardiers(ères), …), les médecins ne seraient pas en mesure de faire leur travail. Par cette cohésion, et malgré la situation urgente dans laquelle se trouvent les patients, notre service est donc un environnement favorable au bien-être de l’équipe soignante.
De plus, des réunions hebdomadaires rythment la vie du service avec l’équipe paramédicale afin de faire le point sur les difficultés rencontrées (difficultés relationnelles internes, prises en charge, etc.) et des mises au point sur les pathologies et leur traitement et les pathologies sont faites pour tenir l’équipe à jour.
Quelles sont les principales pathologies prises en charge ?
Nous traitons la maladie coronarienne, les maladies des valves cardiaques, les anévrismes et dissection de l’aorte, les tumeurs cardiaques, les endocardites, l’insuffisance cardiaque avancée.
Quelles sont les avancées médicales récentes et nouvelles techniques que vous mettez en place pour améliorer le diagnostic et le traitement des patients dans votre spécialité ?
Nous avons des innovations que nous souhaitons développer comme la chirurgie minimalement invasive, permettant de réduire la taille des incisions cutanées par l’utilisation de robots et de caméras. Nous avons ainsi débuté en cette année 2025 une activité de pontages coronaires à cœur battant sans ouverture du sternum en passant par une petite incision intercostale.
Un programme d’innovation pour la transplantation cardiaque utilisant une nouvelle technologie pour mieux préserver le cœur durant son transport, est en place mais a besoin de soutiens financiers, la technologie étant actuellement non remboursée par les autorités de santé en France.
Nous disposons d’une spécificité quant au suivi des patients en transplantation cardiaque pour le dépistage et, le suivi des rejets aigus sans faire des examens invasifs post-opératoires, notamment en privilégiant l’échographie cardiaque plutôt que la biopsie. Il s’agit d’un énorme bénéfice en termes de qualité de vie pour les patients, sans prise de risque pour leur survie après la transplantation.
Pouvez-vous nous parler des équipements médicaux et des installations de pointe que votre hôpital met à disposition pour assurer des soins de haute qualité, notamment pour les pathologies complexes ?
Nous bénéficions d’un plateau technique de haute qualité avec tous les dispositifs médicaux implantables pour pouvoir soigner les patients ayant des pathologies cardiaques.
Les services de cardiologie et d’imagerie, ainsi que le service d’anesthésie, garantissent la sécurité et la qualité des soins.
Quels sont les moyens qui caractérisent votre hôpital et qui contribuent à offrir un environnement propice au rétablissement et au bien-être des patients ?
“Ce qui nous caractérise fortement, c’est la proximité et l’interactivité entre les médecins et les soignants”
Ce qui nous caractérise fortement, c’est la proximité et l’interactivité entre les médecins et les soignants. Cela garantit une transversalité entre les différentes spécialités médicales et chirurgicales permettant de toujours trouver une solution au sein de l’hôpital.
Il y a également une réactivité de tous les acteurs de soins pour répondre aux urgences quotidiennement, ce qui permet d’adapter le programme pour soigner rapidement les malades les plus graves.
La chirurgie cardiaque est vitale et il y a différents degrés d’urgence à prendre en compte, tout en sachant que tous les patients ont un besoin d’intervention rapide : certains patients sont à prendre en charge immédiatement, d’autres peuvent attendre plusieurs semaines et entre les deux, nous avons ce que l’on appelle des urgences hospitalières, c’est à dire des patients qui ne peuvent pas sortir de l’hôpital sans avoir été opérés (anévrisme douloureux de l’aorte, tumeur du cœur menaçant de se fragmenter, infection grave des valves avant une septicémie). De ce fait, il est important de savoir que nous ne refusons jamais d’urgence. Nous nous adaptons pour prendre en charge tous les patients.
Dans la perspective d’une collecte de dons, quel est le projet phare à soutenir et qui pourrait contribuer à l’amélioration des soins et des traitements pour vos patients ?
Le développement de la chirurgie cardiaque minimalement invasive avec assistance robotique est un projet extrêmement novateur qui va considérablement améliorer les suites opératoires pour la récupération rapide des patients et leur retour à domicile. Si on réduit les incisions tout en garantissant la précision, les patients pourront être autonomes plus rapidement, la rééducation sera plus efficace.
Nous avons un programme de réhabilitation des patients favorisant le retour à domicile après la chirurgie cardiaque ainsi que la préparation avant opération (en corrigeant les carences, l’anémie, … des patients). C’était impensable il y a encore 10 ans. Il nous faut aussi optimiser le geste opératoire avec des instruments chirurgicaux spécifiques en les combinant à la chirurgie robotique, vidéo-assistée et guidée par l’image. Depuis janvier 2025 nous en disposons à Marie-Lannelongue d’un robot dédié pour la chirurgie thoracique. Nous comptons développer également un programme de chirurgie cardiaque robot-assistée mais pour cela nous avons besoin de financements spécifiques pour l’achat et la maintenance des matériels. L’appel aux dons est également important pour l’optimisation du transport des cœurs pour la transplantation. Les dispositifs commercialisés ne sont actuellement pas remboursés en France. Or leurs bénéfices pour la réussite des transplantations cardiaques est largement démontré.